LA CEMBRAIE DE CHAMROUSSE – HISTORIQUE
Jusqu’aux jeux olympiques de 1968 la forêt a peu souffert, mais de 1968 à 1983, sept nouvelles remontées traversent la cembraie ; le secteur de Roche Béranger voit 8 nouvelles pistes se créer tandis que les anciennes sont élargies.
Ce dossier de la protection des pins cembros a été un souci constant et source de multiples actions des présidents de l’association, Roger Kuban (1978/2005) puis Bernard Bonneville jusqu’en 2006, ensuite par André Dufour jusqu’en 2008 et maintenant par Kurt Sorg.
Le pin cembro a une croissance très lente ; il sera adulte à 75 ans ! Avec une espérance de vie de 3 à 4 siècles !
20 ans 0.60 m - 35 ans 1.30 m - 45 ans 1.80 m - 50 ans 2.00 m - 100 ans 10 m.
En 1984 J. Wiart, ingénieur en agriculture D.D.A.F, fait une note sur la cembraie de Chamrousse.
La conclusion de J. Wiart est claire : la cembraie est appelée à disparaitre dans un laps de temps plus ou moins long si aucune mesure de protection n’est prise !
En 1985, Vincent SEGEL rédige un rapport de stage pour RTM (Restauration des terrains en montagne) dépendant de la DDAF, Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt (1), sur les dommages du ski hors-piste, avec 4 pages sur Chamrousse.
L’ADHEC avait proposé que l’exposition itinérante du CEMAGREF, Centre National du Machinisme Agricole, du Génie Rural, des Eaux et Forêts (2) sur les dangers du ski en forêt, passe à Chamrousse pendant les vacances de Noël, ce qui fut refusé par manque de crédit (2.000 Fr). En décembre 1986, l’ADHEC écrit à la préfecture pour demander une protectionde la cembraie
Le 7 janvier 1987, dans sa réponse, la préfecture écrit que la question n’est pas perdue de vue, en indiquant que les pins cembros et à crochets ne sont pas des espèces protégées et que leur sauvegarde relève donc de la procédure de classement en forêt de protection.
La même année, Bernard BONNEVILLE, au nom de l’ADHEC, fait un exposé à la commission des sites de la préfecture sur les nuisances des 4x4 dans le domaine skiable. Dans la même séance, la DDAF s’appuyant sur les documents scientifiques existants expose les menaces pesant sur la cembraie.
Le 24 septembre 1989, devant notre insistance nous apprenons de la DIREN, Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (1) que le Préfet a saisi la DDAF pour qu’elle diligente une protection de la cembraie.
En 1991, à notre initiative et à celle de la FRAPNA, en collaboration avec la Mairie, sous la présidence de la fondation Alp ‘Action présidée par l’AGHA KHAN, on plante 1 000 petits pins cembros. Opération médiatisée par la télévision avec banquet, discours des élus, etc.
Le 20 septembre 1991, l’ADHEC réitère sa demande de classement de la cembraie à la préfecture et au conseil général de l’Isère.
(1) Les services de l’Etat ont été récemment réorganisés. En conséquence :
La DDAF a disparu et ses services ont été intégrés à ceux de la DDT, Direction Départementale des territoires.
Le CEMAGREF a gardé son sigle mais se nomme maintenant « L’institut de recherche en sciences et technologies pour l'environnement ».
La DIREN a disparu et a été intégrée à la DREAL Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement.
Le 5 janvier 1992, le Conseil Général émet un avis favorable de principe pour étudier la mise en place de mesures de valorisation et de prospection de la cembraie. A notre connaissance ce principe n’a pas été suivi d’effet.
Le 28 janvier 1992, une réunion a lieu à la préfecture de l’Isère à propos de nos demandes de protection de la cembraie, mais aussi du lac Achard et de l’Arselle. Nous maintenons la demande de forêt de protection en informant le Conseil Général. L’ONF (Office national des Forêts) semble intéressé.
Le 31 mars 1992, nouvelle réunion à la préfecture avec la perspective de la mise en place du
Plan d’Occupation des Sols ( P.O.S. qui deviendra ultérieurement le P.L.U.) de la commune.
Tous les problèmes sont évoqués. M. le maire n’est pas favorable au projet de protection de la cembraie.
Le 29 septembre 1992, les travaux de construction des télésièges des Gaboureaux et des Amoureux commencent. L’arrêté de biotope, protection plus légère et surtout plus rapide nous semble alors préférable à la forêt de protection et nous la demandons au ministre.
En 1993, l’ADHEC constate que malheureusement les conclusions des scientifiques, tous d’accord sur la nécessité de la protection et de ses moyens, n’ont jamais été suivies d’effet.
En mars 1993, l’ADHEC se rend au ministère.
Le 2 décembre 1993, l’ADHEC demande au Conseil Général, encore propriétaire des terrains du domaine skiable, que tous les travaux soient soumis à autorité compétente ; elle demande aussi des mesures de protection et d’information ainsi qu’un engagement financier.
En 1994, l’ADHEC élabore une charte de l’environnement avec des propositions pour la protection de la cembraie.
En décembre 1995, nouvel entretien avec le Conseil Général chargé de l’environnement mais rien ne sera fait pour la protection de la cembraie.
En juillet 1995, l’ADHEC remet à la ministre de l’environnement, Mme Corinne LEPAGE, en visite à Séchilienne, une note en mains propres.
En 1996, l’étude de Gaëlle DELETRAZ a comme sujet « l’impact des aménagements sur la dynamique de la cembraie de Chamrousse ». L’ignorance du public est la règle ! Seul 2.5 % des usagers interrogés identifient le pin cembro. (Groupe de 5 aiguilles par rameau).
Elle a observé que 79 % des pins plantés sont blessés ou morts !
En 1996, l’ADHEC organise à l’Arselle, 2 jours d’animation qui attirent 300 visiteurs. La cembraie n’y est qu’un sujet parmi d’autres.
En mai 1999, 10 000 petits pins cembros en provenance de Gap arrivent à Chamrousse, à l’initiative de la Mairie.
En août 1999, l’ADHEC publie un fascicule de 22 pages, retraçant l’impact du ski sur la forêt de pins cembros de Chamrousse, avec comparaisons des expériences d’autres stations alpines, toutes sous le régime forestier de l’ONF. Texte qui reste pour nous un document de base.
Résultats de la plantation :
Au recoin près du CAF, seuls quelques spécimens ont résisté aux skieurs, moutons et autres.
A divers endroits les pins ne sont soit pas plantés selon les règles de l’art, soit pas plantés du tout !
En janvier 2000, l’Adhec propose à la mairie, une sélection de placettes pour la future plantation.
En avril 2 000, brève visite sur le terrain avec la DDAF, la Mairie et l’ADHEC. La DDAF promet une subvention de 100 000 F à la Mairie.
En automne 2000, première plantation. La moitié des jeunes plans sont en terre. Un premier inventaire fait par l’ADHEC montre que la plus grande partie est utilisée dans une zone urbaine, et de façon beaucoup trop abondante aux deux virages de la Croisette. Une autre partie est repiquée dans le domaine skiable, mais beaucoup de petits cembros sont plantés sans protection près de l’immeuble Edelweiss et sur l’Aiguille. Le but de la plantation de créer des zones à l’abri du ski n’est pas atteint, car il n’y a pas de protection physique des arbres. (Filets, bâtons…)
Le 26 décembre 2000, le père Noël nous apporte le décret de classement des Balcons sud
(Loi 1930), couvrant la zone de la tourbière de l’Arselle au sommet des Vans, en passant par le lac Achard.
En octobre 2001, les derniers arbres en attente de plantation restant entreposés derrière le Schuss, subissent détérioration et vol.
Le 29 juillet 2002, un second inventaire des plantations d’octobre 2001 amène au constat suivant :
Nous notons que les pins plantés dans les zones à l’abri des skieurs sont en bonne santé à part quelques blessés.
Pour les autres zones, nous constatons une mortalité massive, due au passage intense des skieurs, au pâturage, ou plantation sur un biotope inadéquat.
En2009, la commission départementale de la nature, des paysages et des sites, suite à des travaux sur les pistes Olympiques Dames et Hommes, donne une autorisation de défrichement en imposant une mesure compensatoire de 200 pins cembros et un plan de gestion de la cembraie du domaine skiable.
Le 9 mars 2009, l’ADHEC rencontre M. le Maire et M. Bessich et le sujet des pins cembros est abordé.
Le 8 septembre 2009, l’ADHEC écrit à M. le Maire pour lui demander un appel d’offre pour la plantation et la gestion de la cembraie. La Mairie était en contact avec le CEMAGREF et l’O.N.F. qui malheureusement ont déclaré forfait. La D.D.T. en est avisée.
Le 12 octobre 2010, des élus de la mairie, le responsable des remontées mécaniques, l’ESF (Ecole de Ski Français) et l’ADHEC effectuent sur site une reconnaissance et entendent les propositions de M. Leyssieux quant aux zones judicieuses pour planter les 200 pins.
Le 6 octobre 2010, les membres de la commission extramunicipale Environnement et Patrimoine sont conviés à une réunion en mairie. La préfecture est représentée par Mme Boularand, l’ONF par M. Charon et nous avançons sur ce projet. La zone de gestion est définie et l’ONF présentera un devis pour un plan de gestion sur 5 ans.
Le 16 décembre 2010, une délibération du conseil municipal a voté un budget de 20.000€ pour le financement de l’étude par l’O.N.F. . Nous vous tiendrons informés de la suite.
Le 25 janvier 2011, la commission extramunicipale Environnement se réunit. Un plan de gestion de la cembraie est présenté par l’ONF.
La première année sont programmés :
Analyse bibliographique, avec entre autres les dossiers de l’ADHEC ; cartographie de la cembraie ; diagnostic de l’état de la cembraie ; définition des enjeux et objectifs ; proposition d’un plan d’actions.
Pour la première fois depuis 1985, une réunion aboutit enfin à des mesures concrètes avec des forestiers professionnels.
Ainsi il aura fallu 25 ans pour commencer à entrevoir ce que nous espérons être un véritable projet de protection de la cembraie, 25 ans avec beaucoup de travail et beaucoup de démarches.